Femme polifacette, sensible et forte au même niveau, aujourd'hui on parle avec Charlotte Leroy, pure inspiration.
Quand et pourquoi
as-tu décidé de commencer à écrire ?
L’écriture est dans
ma vie depuis que je suis petite. Enfant, déjà, je noircissais des carnets
d’histoires, de poèmes et de petites pièces de théâtre. En cinquième primaire,
j’ai écrit une première nouvelle dans laquelle je racontais le divorce de mes
parents et qui a été publiée dans le journal de l’école.
Au cours de mon master
en Cinéma et arts de la scène, à l’Université de Liège, j’ai pris part à un
atelier d’écriture de scénario et j’ai vraiment adoré ça. Mon diplôme en poche,
j’ai continué à me former à l’écriture de scénario en parallèle de ma formation
d’acting et de mon travail d’actrice que j’envisage comme une autre façon de
raconter des histoires.
En 2020, lors du
premier confinement, j’ai répondu à un appel à projet de la RTBF pour l’écriture
d’une web-série. Mon scénario n’a pas été repris. Je me suis dit :
« Ce n’est pas grave, je vais le transformer en nouvelle ». Quelques
années plus tard, cette nouvelle est devenue un roman en cours d’écriture.
As-tu une préférence
entre tes métiers : actrice, scénariste, autrice, artiste ?
Je n’ai aucune
préférence entre les différentes disciplines artistiques que je pratique.
Écrire, jouer et
dessiner sont vraiment les trois piliers d’exploration grâce auxquels
j’apprivoise l’intensité des émotions qui me traversent ainsi que la complexité
du monde qui m’entoure.
Actuellement,
j’investis la majeure partie de mon temps, de mon énergie et de ma créativité
dans l’écriture et le dessin car ce sont deux médiums artistiques que je peux pratiquer
quand bon me semble.
Être actrice, c’est
dépendre en permanence du désir de quelqu’un d’autre.
C’est espérer être
choisie par un.e directeur.ice de casting, par un.e réalisateur.ice, un.e
producteur.ice. Il y a beaucoup d’étapes à franchir avant d’être réellement sur
le plateau en train de jouer. Et parfois, c’est pour quelques heures à peine. Cela
génère en moi beaucoup de frustration.
Écrire et dessiner
sont deux choses que je peux faire en toutes circonstances. J’ai simplement besoin
de mon ordinateur ou d’un carnet et d’un crayon. Cette liberté est importante
pour moi et me permet de rester active et créative dans les périodes où je ne
tourne pas.
Quel a été ton meilleur
moment en tant qu’entrepreneuse jusqu’à présent ?
Je dirais qu’il y
en a eu plusieurs : des portes qui s’ouvrent, des rencontres, des
collaborations qui démarrent et qui me confortent dans l’idée que je suis sur
le bon chemin. Il y a eu, par exemple, le début de mon encadrement chez Job In,
en 2022, suivi de ma rencontre avec Eloïse Steyaert, coach d’auteur.ice.s qui a
fondé Le Mot qui Délivre et qui m’accompagne dans l’écriture de mon roman.
Récemment,
il y a la rencontre avec un réalisateur autour d’un scénario de court-métrage
ainsi que mon installation à la Pépinière d’entreprises du B3, à Liège.
Jusqu’ici, je travaillais depuis mon bureau installé dans mon petit appartement
liégeois. Cela devenait difficile car la frontière entre le privé et le
professionnel était inexistante.
Le fait de disposer d’un vrai espace de
travail, qui plus est situé au sein d’un pôle culturel important dédié à l’art
et la littérature, me change vraiment la vie.
Je suis beaucoup plus productive
et j’y rencontre d’autres porteurs et porteuses de projet avec qui échanger sur
les réalités de l’entrepreneuriat. Depuis deux mois, je sens que mon activité se
professionnalise et c’est vraiment galvanisant.
Quel est ton
prochain objectif/défi ?
Mon plus gros défi actuel
est de terminer mon premier roman. J’écris une autofiction qui traite de la
charge contraceptive. C’est un projet très personnel que je poursuis depuis
deux ans et qui demande un gros travail de documentation. J’interview notamment
des femmes sur leur parcours contraceptif. C’est donc un travail conséquent et de
longue haleine.
J’écris également deux
scénarios de court-métrage. Un premier que j’écris en solo et dont l’histoire
se déroule dans le milieu de la boxe anglaise féminine, et un deuxième que je
co-écris avec un réalisateur et qui s’inscrit dans le genre fantastique.
À court et moyen terme,
j’aimerais organiser de premiers ateliers d’écriture centrés sur la structure
du récit, étape de l’écriture qui me passionne. Je me forge aussi doucement une
expérience dans le coaching d’auteur.ice.s et j’aimerais beaucoup développer
davantage cette partie de mon projet.
Et puis, je prépare
une collection de dessins abstraits à l’aquarelle dans lesquels j’illustre
l’accident vasculaire cérébral et que j’espère exposer en 2025.
Récemment, tu as
commencé à exposer ton parcours de santé sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui
t’a décidé à te lancer et comment ceci a-t-il été accueilli ?
Ce qui m’a décidé à
me lancer, c’est l’arrivée de l’automne.
Depuis 2016, le mois de septembre est
symbolique pour moi puisque qu’il s’agit du mois où j’ai été hospitalisée à la
suite d’un AVC causé par la pilule contraceptive.
J’avais envie, depuis un
moment, de communiquer davantage sur ce premier roman que j’écris, mais je ne
savais pas comment m’y prendre pour exposer la thématique de la charge
contraceptive sans parler de l’origine du projet. Au début, je m’étais dit que
je n’allais écrire qu’un seul post. Et puis, j’ai eu l’idée de raconter divers
petits souvenirs gravés dans ma mémoire comme des photographies instantanées. Je
voulais que ces publications me ressemblent vraiment. J’y ai inséré des photos
de famille, des dessins, de la musique, de la poésie ainsi que des extraits de
films et de séries dont je suis fan.
Me lancer n’a pas été facile, mais j’ai
reçu énormément de soutien ainsi que des commentaires très positifs sur le
style avec lequel mes publications étaient écrites.
Plusieurs personnes m’ont
dit : « Si ton roman est écrit sur ce ton-là, je me réjouis trop de
le lire ». Et c’est le cas, mon livre est écrit sur ce ton-là. Avec émotion
bien sûr, mais aussi avec beaucoup d’humour. L’humour est très important pour
moi. Il permet de désamorcer toutes les situations, même les plus dramatiques.
Trouvez-vous en
Belgique une culture favorable par rapport à l’entrepreneuriat ?
Selon moi, elle est
à la fois favorable et défavorable.
Il existent plusieurs
structures dont la mission est d’accompagner la création d’entreprises, c’est
le cas notamment de Job In. Il est aussi possible d’entreprendre en étant
encadré par certains dispositifs comme la couveuse d’entreprises ou le plan
tremplin. Donc oui, il existe, en Belgique, un terreau favorable à l’entrepreneuriat
qui permet de lancer un projet dans de bonnes conditions.
Là où je me
montrerais un peu plus critique, c’est au niveau des mentalités. Aujourd’hui, ce
qui s’apparente encore au Saint Graal de la réussite professionnelle, c’est le
CDI temps plein. Si c’est en tant que fonctionnaire, c’est encore mieux.
Je
trouve que la culture anglosaxonne est plus favorable à l’entrepreneuriat et
valorise davantage les personnes qui prennent des initiatives, qui créent leur
propre travail.
Il y a aussi, en Belgique
francophone, une non-fierté d’être belge.
On ne va valoriser les porteurs de
projet qu’à partir du moment où ils sont reconnus à l’étranger, et en France
plus spécifiquement. C’est un phénomène qui touche particulièrement les
artistes, peu importe la discipline qu’ils pratiquent. Et c’est vraiment
dommage.
Quelles idées
donneriez-vous à une personne souhaitant entreprendre comme autrice et
scénariste en Belgique ?
Écrire est une
activité très solitaire.
Je pense qu’il est primordial de tisser du lien avec
d’autres auteur.ice.s, de se créer un réseau.
Cela passe par la participation à
des ateliers d’écriture, des masterclass, mais aussi à des évènements propices
au networking comme une rencontre littéraire, un salon du livre ou un festival
de films. C’est tenir à l’œil les agendas de structures comme l’ADEB, l’ASA,
l’ARRF, la SABAM ou la SACD.
Mon expérience
personnelle me fait aussi dire qu’en tant qu’artiste, c’est important de se
voir comme un entrepreneur ou une entrepreneuse, peu importe le statut qu’on
occupe. C’est envisager son projet artistique comme une mini-entreprise. C’est
quelque chose qu’on n’apprend dans aucune école d’art. Je ne l’ai pas non plus
appris à l’Université. Or, c’est très important. Ça veut dire travailler sa
visibilité, prospecter, se former en continu, être à la fois le patron,
l’employé, le chargé de communication et le comptable. Ça peut paraître un peu
effrayant, mais c’est hyper formateur. Depuis que j’ai lancé mon activité
d’autrice et scénariste, j’ai énormément évolué d’un point de vue artistique,
professionnel mais aussi humain. Je ne peux donc que le conseiller.
Où pouvons-nous te
trouver sur les réseaux sociaux ?
Je communique essentiellement via mon compte Instagram
@__charlotteleroy__ (https://www.instagram.com/__charlotteleroy__). Je dispose également d’un compte exclusivement
dédié à mes dessins et peintures @charlotteleroyart (https://www.instagram.com/charlotteleroyart/ ) et que je commence à alimenter
plus régulièrement Mon actualité d’actrice est, quant à elle,
disponible sur mon site internet : https://www.charlotte-leroy.fr.
Merci Charlotte pour ton temps avec nous, nous voyons déjà un avenir imparable !